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je lui avais plu, ou si elle avait voulu se servir de moi pour la délivrer.

— Je vois bien que vous avez peur, lui dis-je ; vous avez tort d’avoir peur de moi ; je ne vous ferai certainement pas de mal. Vous êtes trop jolie pour que je songe à autre chose que vous caresser.

— Oui, mais vos oncles me tueront, s’écria-t-elle, vous le savez bien. Est-il possible que vous vouliez me laisser tuer ? Puisque je vous plais, sauvez-moi, je vous aimerai après.

— Oh ! oui, après, après ! lui répondis-je en riant d’un air niais et méfiant, après que vous m’aurez fait pendre par les gens du roi, que je viens d’étriller si bien. Allons, prouvez-moi que vous m’aimez tout de suite, je vous sauverai après, moi aussi.

Je la poursuivis autour de la chambre ; elle fuyait. Cependant elle ne me témoignait pas de colère et me résistait avec des paroles douces. La malheureuse ménageait en moi son seul espoir et craignait de m’irriter. Ah ! si j’avais pu comprendre ce que c’était qu’une femme comme elle, et ce qu’était ma situation ! Mais j’en étais incapable et je n’avais qu’une idée fixe, l’idée qu’un loup peut avoir en pareille occasion.

Enfin, comme à toutes ses prières je répondais toujours la même chose : « M’aimez-vous, ou vous moquez-vous ? » elle vit à quelle brute elle avait affaire ; et prenant son parti elle se retourna vers moi, jeta ses bras autour de mon cou, cacha son visage dans mon sein, et me laissa baiser ses cheveux. Puis elle me repoussa doucement en me disant :

— Eh ! mon Dieu, ne vois-tu pas que je t’aime et que tu m’as plu dès le moment que je t’ai vu ? Mais ne comprends-tu pas que je hais tes oncles et que je ne veux appartenir qu’à toi ?