derniers jours de sa maladie. Heureusement, ce fut le dernier ébranlement de ses facultés. Elle secoua sa belle tête comme pour chasser des idées importunes ; et, le président lui ayant demandé compte de ces mots inintelligibles, elle répondit avec douceur et noblesse :
— Ce n’est rien, monsieur ; veuillez continuer mon interrogatoire.
— Votre âge, mademoiselle ?
— Vingt-quatre ans.
— Vous êtes parente de l’accusé ?
— Sa tante à la mode de Bretagne. Il est mon cousin issu de germain et le petit-neveu de mon père.
— Jurez-moi de dire la vérité, toute la vérité ?
— Oui, monsieur.
— Levez la main.
Edmée se retourna vers Arthur avec un triste sourire. Il lui ôta son gant et l’aida à élever son bras sans force et presque sans mouvement. Je sentis de grosses larmes couler sur mes joues.
Edmée raconta avec finesse et naïveté qu’étant égarée dans le bois avec moi elle avait été jetée à bas de son cheval par l’empressement plein de sollicitude que j’avais mis à la retenir, croyant qu’elle était emportée ; qu’il s’en était suivi une petite altercation, à la suite de laquelle, par une petite colère de femme assez niaise, elle avait voulu remonter seule sur sa jument ; qu’elle m’avait même dit des paroles dures, dont elle ne pensait pas un mot, car elle m’aimait comme son frère ; que, profondément affligé de sa brusquerie, je m’étais éloigné de quelques pas pour lui obéir, et qu’au moment de me suivre, affligée qu’elle était elle-même de notre puérile querelle, elle avait senti une violente commotion à la poitrine, et qu’elle était tombée en entendant à peine la détonation. Il lui était impossible