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formé. Il engagea le lieutenant criminel à lui donner du temps, promettant sur l’honneur de ne pas se dérober à l’action de la justice, et représentant qu’il pouvait acquérir au bout de quelques jours, par l’examen des choses, une conviction quelconque ; et en ce cas il s’engageait à s’expliquer nettement soit pour, soit contre moi. Ce délai fut accordé.

Marcasse dit que, si j’étais l’auteur des blessures de Mlle  de Mauprat, ce dont il commençait à douter beaucoup, j’en étais du moins l’auteur involontaire. Il engageait son honneur et sa vie sur cette assertion.

Tel fut le résultat de la première information. Elle fut continuée à différentes reprises les jours suivants, et plusieurs faux témoins affirmèrent qu’ils m’avaient vu assassiner Mlle  de Mauprat, après avoir vainement essayé de la faire céder à mes désirs.

Un des plus funestes moyens de l’ancienne procédure était le monitoire ; on appelait ainsi un avertissement par voie de prédication, lancé par l’évêque et proclamé par tous les curés, aux habitants de leur paroisse enjoignant de rechercher et de révéler tous les faits qui viendraient à leur connaissance sur le crime dont on informait. Ce moyen était un reflet adouci du principe inquisitorial qui régnait plus ouvertement dans d’autres contrées. La plupart du temps, le monitoire, institué d’ailleurs pour perpétuer au nom de la religion l’esprit de délation, était un chef-d’œuvre d’atrocité ridicule ; on y supposait souvent le crime et toutes les circonstances imaginaires que la passion des plaignants avait besoin de prouver ; c’était la publication d’un thème tout fait sur lequel, pour gagner quelque argent, le premier coquin venu pouvait faire une déposition mensongère dans l’intérêt du plus offrant… Le monitoire avait pour effet inévitable, quand la rédaction