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XXIV


Je fus immédiatement enfermé dans la prison de la prévôté, à la Châtre ; le lieutenant criminel au baillage d’Issoudun prit en main l’assassinat de Mlle  de Mauprat et obtint permission de faire publier un monitoire le lendemain. Il se rendit au village de Sainte-Sévère et dans les fermes des environs du bois de la Curat, où l’événement s’était passé, et reçut les dépositions de plus de trente témoins. Je fus décrété de prise de corps huit jours après mon arrestation. Si j’avais eu l’esprit assez libre, ou si quelqu’un se fût intéressé à moi, cette infraction à la loi et beaucoup d’autres, qui eurent lieu durant le procès, auraient pu être hardiment invoquées en ma faveur, et eussent prouvé qu’une haine cachée présidait aux poursuites. Dans tout le cours de l’affaire, une main invisible dirigea tout avec une célérité et une âpreté implacables.

La première instruction n’avait produit qu’une seule charge contre moi, celle de Mlle  Leblanc. Tandis que tous les chasseurs déclaraient ne rien savoir et n’avoir aucune raison de regarder cet accident comme un meurtre volontaire, Mlle  Leblanc, qui me haïssait de longue main pour quelques plaisanteries que je m’étais permises sur son compte, et qui, d’ailleurs, avait été gagnée, comme on l’a su depuis, déclara qu’Edmée, au sortir de son pre-