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XVIII


Tandis que Marcasse se livrait à ses graves recherches, je passais auprès d’Edmée des jours pleins de délices et d’angoisses. Sa conduite ferme, dévouée, mais réservée à beaucoup d’égards, me jetait dans de continuelles alternatives de joie et de douleur. Un jour, le chevalier eut une longue conférence avec elle tandis que j’étais à la promenade. Je rentrai au moment où leur conversation était le plus animée, et, dès que je parus :

— Approche, me dit mon oncle ; viens dire à Edmée que tu l’aimes, que tu la rendras heureuse, que tu es corrigé de tes anciens défauts. Arrange-toi pour être agréé, car il faut que cela finisse. Notre position vis-à-vis du monde n’est pas tenable, et je ne veux pas descendre dans le tombeau sans avoir vu réhabiliter l’honneur de ma fille, et sans être sûr que quelque sot caprice de sa part ne la jettera pas dans un couvent, au lieu de lui laisser occuper dans le monde le rang qui lui appartient et que j’ai travaillé toute ma vie à lui assurer. Allons, Bernard, à ses pieds ! Ayez l’esprit de lui dire quelque chose qui la persuade ! ou bien je croirai, Dieu me pardonne, que c’est vous qui ne l’aimez pas et qui ne désirez pas sincèrement l’épouser.

— Moi ! juste ciel ! m’écriai-je, ne pas le désirer ! quand