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— Ma foi, monsieur, je l’ai mis là sur le fauteuil, répondit la grosse fille ; mais vous l’avez donc repris pendant que j’allais chercher de la chandelle ? car je ne le vois plus.

Nous cherchâmes dans toute la chambre, le manteau fut introuvable. Nous feignîmes d’en avoir besoin, ne niant pas qu’il fût le nôtre. La servante défit le lit, retourna les matelas en notre présence, alla demander au garçon ce qu’il en avait fait. Il ne se trouva rien dans le lit ni dans la chambre ; le garçon n’était même pas monté. Toute la ferme fut en émoi, craignant que quelqu’un ne fût accusé de vol. Nous demandâmes si un étranger n’était pas venu à la Roche-Mauprat et n’y était pas encore. Quand nous nous fûmes assurés que ces braves gens n’avaient logé ni vu personne, nous les rassurâmes sur le manteau perdu en leur disant que Marcasse l’avait roulé par mégarde dans les deux autres, et nous nous enfermâmes dans la chambre afin de l’explorer à notre aise ; car il était à peu près évident, dès lors, que je n’avais point vu un spectre, mais Jean Mauprat lui-même ou un homme qui lui ressemblait et que j’avais pris pour lui.

Marcasse, ayant excité Blaireau de la voix et du geste, observa tous ses mouvements.

— Soyez tranquille, me dit-il avec orgueil ; le vieux chien n’a pas oublié le vieux métier ; s’il y a un trou, un trou grand comme la main, n’ayez peur… À toi, vieux chien !… N’ayez peur !…

Blaireau, en effet, ayant flairé partout, s’obstina à gratter la muraille à l’endroit où j’avais vu l’apparition ; il tressaillait chaque fois que son nez pointu rencontrait une certaine partie du lambris ; puis il agitait sa queue de renard d’un air satisfait, revenait vers son maître et semblait lui dire de fixer là son attention. Le sergent se mit alors à examiner la muraille et la boiserie, il essaya d’in-