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des hommes qu’elle connaissait et prenait parti pour lui contre la noblesse. Je réussis à en tirer cette conclusion que l’éducation n’était pas si nécessaire que le chevalier et l’abbé voulaient bien me le faire croire.

— Je ne sais guère mieux lire que Patience, ajoutai-je, et je voudrais bien que vous eussiez autant de plaisir dans ma société que dans la sienne ; mais il n’y paraît guère, cousine, car, depuis que je suis ici…

Comme nous quittions alors la table et que je me réjouissais de me trouver enfin seul avec elle, j’allais devenir beaucoup plus explicite, lorsqu’en entrant dans le salon nous y trouvâmes M. de la Marche, qui venait d’arriver et qui entrait par la porte opposée. Je le donnai, dans mon cœur, à tous les diables.

M. de la Marche était un jeune seigneur tout à fait à la mode de son époque. Épris de philosophie nouvelle, grand voltairien, grand admirateur de Franklin, plus honnête qu’intelligent, comprenant moins ses oracles qu’il n’avait le désir et la prétention de les comprendre ; assez mauvais logicien, car il trouvait ses idées beaucoup moins bonnes et ses espérances politiques beaucoup moins douces le jour où la nation française se mit en tête de les réaliser ; au demeurant, plein de bons sentiments, se croyant beaucoup plus confiant et romanesque qu’il ne l’était en effet ; un peu plus fidèle à ses préjugés de caste et beaucoup plus sensible à l’opinion du monde qu’il ne se flattait et ne se piquait de l’être : voilà tout l’homme. Sa figure était charmante ; mais je la trouvais excessivement fade, car j’avais contre lui la plus ridicule animosité. Ses manières gracieuses me semblaient serviles auprès d’Edmée ; j’eusse rougi de les imiter, et pourtant je n’étais occupé qu’à renchérir sur les petits services qu’il pouvait lui rendre. Nous sortîmes dans le parc, qui était considérable et coupé par l’Indre, qui