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cuper de son ami Patience. Mon trouble et un reste d’inquiétude ne tinrent pas contre l’appétit généreux dont est douée la jeunesse. Sans les empressements et les respects d’un valet beaucoup mieux mis que moi, qui se tenait derrière ma chaise, et auquel je ne pouvais m’empêcher de rendre ses politesses chaque fois qu’il s’élançait au-devant de mes désirs, j’eusse fait un déjeuner effrayant ; mais son habit vert et ses culottes de soie me gênaient beaucoup. Ce fut bien pis lorsque, s’étant agenouillé, il se mit en devoir de me déchausser pour me mettre au lit. Pour le coup, je crus qu’il se moquait de moi, et je faillis lui asséner un grand coup de poing sur la tête ; mais il avait l’air si grave en s’acquittant de cette besogne que je restai stupéfait à le regarder.

Dans les premiers moments, me trouvant au lit, sans armes, et avec des gens qui allaient et venaient autour de moi en marchant sur la pointe du pied, il me vint encore des mouvements de méfiance. Je profitai d’un instant où j’étais seul pour me relever, et prenant sur la table à demi desservie le plus long couteau que je pus choisir, je me couchai plus tranquille et m’endormis profondément en le tenant bien serré dans ma main.

Quand je m’éveillai, le soleil couchant jetait sur mes draps, d’une finesse extrême, le reflet adouci de mes rideaux de damas rouge et faisait étinceler les grenades dorées qui ornaient les coins du dossier. Ce lit était si beau et si moelleux, que je faillis lui faire des excuses de m’être couché dedans. En me soulevant, je vis une figure douce et vénérable qui entr’ouvrait ma courtine et qui me souriait. C’était le chevalier Hubert de Mauprat, qui m’interrogeait avec intérêt sur l’état de ma santé. J’essayai d’être poli et reconnaissant ; mais les expressions dont je me servais ressemblaient si peu aux siennes, que je me troublai