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Demoiselle,
Arrête un peu !
Sur ton aile
De dentelle
Je vois du feu.
— Non, dit-elle,
Je ne peux.
Si mon aile
Étincelle,
Ferme tes yeux.

La mélodie, aussi enfantine que les paroles, plut à mon enfant, qui me la fit répéter plusieurs fois, et qui eut quelque peine à la dire à son tour, car j’avais composé en mineur pour l’exercer à poser sa voix dans ce mode nouveau pour elle. Tout à coup nous entendîmes tout près de nous un admirable violon qui chantait admirablement mon petit air, et qui en répétait la fin comme je venais de le faire en donnant ma leçon à l’enfant. Sarah fut d’abord charmée de cet écho mystérieux. Elle crut que c’était la rivière ou les arbres qui chantaient ; mais, comme elle me vit surprise et que mes yeux exprimèrent probablement une sorte d’inquiétude, elle eut peur et se jeta dans mes bras en pleurant. Aussitôt le virtuose mystérieux nous apparut, sortant d’un massif de saules au-dessous de nous. C’était un jeune homme vêtu en touriste et d’une physionomie si agréable, que Sarah lui sourit à travers ses larmes. Pourtant, comme elle hésitait encore à comprendre, et que je voulais l’empêcher de s’effrayer des objets nouveaux, je l’encourageai