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son mari ne lui fussent jamais révélées par la nécessité d’en réparer les désastres.

Elle eut une délivrance pénible et faillit mourir dans nos bras. Dès que la belle saison fut revenue, on lui conseilla la campagne, un air vif et pur, loin de Paris. La chère petite créature qu’elle nous avait donnée, Sarah, ma filleule, était frêle et délicate ; aussi M. de Rémonville, avec un aplomb inconcevable, parla d’acheter une terre dans un pays de chasse. Je n’avais eu aucune explication avec lui au sujet de ses dettes ; il m’avait simplement remerciée « d’avoir bien voulu lui prêter de quoi faire face à quelques embarras passagers ». Je me décidai à lui parler sévèrement et à lui intimer l’ordre d’amener sa femme avec son enfant chez moi, à Malgrétout, au lieu de convertir sa dot, au risque de la faire disparaître. Il essaya de regimber, de s’emporter, d’être acerbe et blessant. Il éprouvait le besoin de se brouiller avec nous, de garder sa femme sous sa domination, comptant la faire consentir à ses vues. Quand il vit que je pénétrais son plan, il dut feindre pour me dissuader. Il se contint, céda, et les premiers jours de mai nous virent rassemblés à Malgrétout.

La santé d’Adda et de sa fille s’y rétablirent promptement, et Rémonville parut enchanté de cette résidence ; mais il se lassa bientôt de la vie intime et prétendit avoir affaire à Paris. Il disait qu’un homme ne peut rester inactif au sein de sa