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tu désormais plus de confiance ? pour quel autre sauras-tu mieux te dévouer ? S’il te fait souffrir encore, n’es-tu pas habituée à souffrir, et quelles compensations ne trouveras-tu pas dans les enfants que Dieu te donnera ? D’ailleurs, ne sais-tu pas que tout le bonheur consiste à donner du bonheur à ce qu’on aime, et n’es-tu pas certaine de rendre heureux et bons les êtres adorés qui naîtront de toi ? » En écoutant ce cri de ma conscience, je me suis trouvée très-calme, très-résignée à tout, très-sûre de moi-même. Je vais me marier sans frayeur, sans personnalité, sans instinct de jalousie. Je prépare mon âme à cet engagement avec les mêmes soins que d’autres apportent à leur toilette de fête. Je veux être si bonne, si vraie, si forte, que le Ciel me trouve digne d’avoir une Sarah à moi !

Je dois ajouter pour vous rassurer complétement, ma chère Mary, qu’Abel est véritablement transformé. Tout ce qu’il m’a dit est vrai et m’a été attesté par Nouville. Depuis trois mois, il habite notre voisinage, il y mène la vie la plus retirée et la plus studieuse, et il se trouve heureux comme il ne l’a jamais été. Il vient passer avec nous toutes ses soirées et ne fait de musique que pour nous. Mon père est bien heureux, aussi de cette intimité, et ma sœur nous écrit qu’elle accepte sans objection et sans répugnance notre prochain mariage. Elle viendra avec ses enfants passer le printemps près