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assez fraîche, mais si dépourvue de bouffants et de paniers, que ma sœur me railla, disant que je me déguisais en fillette pour paraître plus jeune qu’elle.

Nous prenions, mon père et moi, un soin fort inutile pour sauver les convenances. L’arrivée d’Adda se trouva perdue dans un tumulte ; on rentrait de la promenade, personne ne s’enquit de sa situation, on remarqua seulement sa fraîcheur et sa toilette. Lady Hosborn nous présenta bientôt à quelques vieilles femmes très-empanachées et très-fardées, leur recommandant en particulier madame de Rémonville, qui venait ouvrir la chasse, c’est-à-dire passer quinze jours chez elle. Cette adoption de ma pauvre petite sœur par ces duègnes évaporées me serra le cœur. Lady Hosborn nous conduisit à l’appartement qu’elle lui avait réservé près du sien, et, comme nous voulions repartir en voyant ma sœur installée, elle insista tellement pour nous retenir à dîner, que nous cédâmes, nous promettant de nous en retourner aussitôt après. Je savais que ma Sarah, qui ne s’était jamais vue seule avec ses bonnes, ne dormirait pas tant que je ne serais pas rentrée.

La table était de cinquante couverts. On mangeait vite et mal, on était pressé de se préparer pour le feu d’artifice, la musique et le bal. Lord Gilbert Hosborn était un homme de trente ans, froid et insignifiant, avec de grandes prétentions à la beauté.