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près de la fenêtre au premier étage, et je raccommodais une brassière du baby, quand j’entendis dans le salon la voix d’Adda, causant très-haut avec de grands éclats de rire. Une autre voix de femme que je reconnus bientôt pour celle de mademoiselle d’Ortosa lui répondait sans rire, mais très-distinctement. Je pouvais bien les écouter, puisqu’elles n’y mettaient aucun mystère.

— C’est comme je vous le dis, ma belle petite, disait d’un ton absolu mademoiselle d’Ortosa. Abel est près de moi chez lord Hosborn, et il ne vous sait pas revenue. Il est plus fou que jamais ; sa passion pour moi est le sujet de toutes les conversations au château et de tous les propos dans le voisinage. Vous direz ce que vous voudrez, cela devient sérieux, et je n’en ris plus. Vous ne savez pas, vous, ce que la passion peut faire d’un homme, même d’un viveur blasé comme Abel. Je commence à m’en tourmenter après m’en être raillée. Vous pensez bien que je ne peux pas épouser un Abel, et que je veux encore moins lui donner des droits sur mon cœur, comme on dit ! Je vais quitter le Francbois. Je ne vous savais pas non plus de retour, je venais dire adieu à votre sœur, que j’aime beaucoup ; c’est une personne grave et intéressante.

— Je vais vous conduire auprès d’elle, dit Adda.

— Non, reprit mademoiselle d’Ortosa. Je veux lui parler seule.

— Seule ?