l’audace de mes questions. Il avait trop d’expérience pour redouter une méfiance invincible chez une personne sans reproche. Il me prit les mains et me dit :
— Je pourrais mentir, car il n’est pas possible de prouver que les deux enfants dont vous parlez soient les miens ; je ne les ai pas reconnus.
— Vous avez eu tort.
— Non, je ne le pouvais pas, leur mère était mariée ; elle n’est pas veuve, c’était une femme abandonnée par son mari. Elle a eu ma protection, elle n’a jamais eu le droit de demander autre chose.
— Alors, cette protection s’exercera encore, et ces enfants que vous ne pouvez abandonner…
— Tout cela est réglé, répondit-il, réglé irrévocablement. J’ai fait de ma fortune une part que j’ai alliénée à tout jamais. Cette femme et ces enfants n’ont rien à me réclamer.
— N’ont-ils pas des droits à votre affection ?
— La femme, non ; elle en est indigne. Ma rupture avec elle n’est ni un effort ni un sacrifice, c’est une délivrance !
— Mais les enfants ?…
— Miss Owen, reprit-il en souriant, vous insistez sur un point délicat dont vous ne comprenez pas la portée, je le vois bien ; mais, puisque vous l’exigez, je vais répondre, au risque de vous faire rougir et souffrir encore plus. Je ne crois pas être le père de