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bien sûre qu’un tel homme serait un père incomparable.

Aussi, quand ma jeune sœur me demanda impétueusement si je comptais me marier, je lui répondis sans hésiter que j’y avais songé sérieusement ; mais je pus ajouter avec sincérité que je n’avais encore rencontré aucune personne qui m’inspirât la confiance nécessaire, et que je n’éprouvais pas une ardente impatience de la rencontrer, puisque mon état présent était heureux et calme.

Au lieu de rassurer ma pauvre sœur, mes paroles augmentèrent son irritation ; vous l’avez connue enfant, vous la jugiez sévèrement, vous disiez qu’elle était d’un naturel jaloux et que je la gâtais. Pourtant vous faisiez comme moi, vous la gâtiez aussi, vous subissiez le charme irrésistible de ses caresses victorieuses et de ses grâces mignonnes. N’a-t-elle pas toujours été une merveille de séduction ? Si délicate, si jolie, si craintive, si impétueuse et si tendre ! J’étais devenue sa mère, je l’adorais ; … elle m’a bien fait souffrir, et je l’adore toujours.

Je ne pus la consoler ce soir-là qu’en lui promettant presque une chose assez risible, à savoir : de n’aimer personne sans qu’elle y consentît, et je me promis à moi-même, pour n’avoir pas à me parjurer, de résister à toute affection naissante, tant que mon enfant terrible ne serait pas devenue raisonnable ou éprise pour son compte.

J’ignorais, hélas ! que le mal, car c’était un mal,