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J’eus l’air d’apprécier la sienne, et je gardai la mienne pour moi. Je vis à Nice beaucoup de personnes assez haut placées dans les différentes cours de l’Europe, et je plus à plusieurs femmes qui m’aidèrent à étendre le cercle de mes relations sérieuses. C’est par les femmes que l’on arrive ; à quelque sexe que l’on appartienne, il est très-bon de se rendre agréable à la plus belle moitié du genre humain. Les hommes compromettent et nuisent. Les femmes vous pilotent et vous lancent. Elles s’ennuient à la mort, ces houris opulentes et blasées, et elles se craignent les unes les autres. Moi, je me posai comme une personne indépendante par goût, dont on ne devait attendre aucune rivalité ; je déclarai que j’aimais les hommes comme de bons camarades ou de loyaux frères, mais que je ne voulais être la propriété d’aucun d’eux. Ce qui donna de la force à ma résolution, c’est que, par un hasard inouï en Espagne, je recouvrai un beau matin un débris de la fortune du comte d’Ortosa. L’eau vient, dit-on, à la rivière. Mon oncle le spéculateur, me voyant si goûtée dans la high life et craignant d’être blâmé pour son avarice, parla de m’adopter et me pria d’accepter, en attendant, une assez jolie pension, à la condition que j’irais vivre chez lui de temps en temps.

» La cousine de Nice, qui est réellement une bonne femme et qui m’adore, voulut se charger des frais d’une partie de ma toilette. Je me vis donc, à