Page:Sand - Malgretout.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée

» Alors, il s’est lancé dans cette campagne à travers les neiges, où j’ai failli rester, continua Nouville. Je m’étais attaché à ses pas, voulant que ce fût ma dernière grande excursion, car je vieillis ; mes enfants grandissent, et, pour clore mon existence active, j’avais besoin aussi d’une bonne récolte. Je pourrai vivre maintenant paisible dans ma famille en donnant des leçons. Pour Abel, qui n’aura jamais la patience de professer, il faut plus d’argent, et, quand j’ai été forcé de le quitter, il a été dans le Nord, comme je vous l’avais annoncé. Ses affaires ont marché mieux et plus vite qu’il n’y comptait. Il est revenu par la Prusse, l’Allemagne et la Suisse. Il m’avait écrit que de là il se rendrait à Paris. Une chanteuse qui a été fort belle et qui a encore de très-longs cheveux, celle que vous avez vue probablement, l’a fait changer d’itinéraire ; il me l’a écrit. Elle allait dans le midi de la France, puis en Italie. Elle lui a persuadé que là encore il y avait une bonne chance à saisir. Ici je m’arrête, je vous dois une explication. La Settimia n’est plus jeune, elle a un certain talent, beaucoup de brio et d’aplomb ; à elle seule, elle n’est pas une étoile, mais son concours est très-utile dans un concert. Nous l’avions rencontrée à Venise ; elle s’était éprise d’Abel et avait voulu le suivre en Orient. Il ne voulait pas de femmes dans cette dure expédition. Il refusa et la quitta sans aucun regret, et maintenant je peux vous jurer sur l’honneur qu’il n’avait pas