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fut pris à l’instant. Je consultai mon livret ; le train pour Paris allait partir dans cinq minutes. Je m’élançai au bureau, je pris mon billet, je fis changer la direction de mon bagage ; j’arrivai à Paris dans la soirée. Je n’y avais pas encore de pied-à-terre ; je n’y voulais voir qu’une seule personne ; je me fis conduire à un hôtel d’où j’écrivis à Nouville que je désirais lui parler le lendemain matin. Je comptais aussi écrire à mon père, mais je me décidai à ne pas le faire. Comment lui aurais-je expliqué l’apparent caprice de revenir sur mes pas à moitié route ? Il pouvait très-bien ignorer ma désastreuse tentative, puisque j’étais partie sans l’avertir, il pouvait du moins l’ignorer jusqu’à son retour. Il serait temps alors, ou de lui révéler mon triste secret, ou de lui dire qu’en voulant aller le surprendre à Nice, je m’étais trouvée si souffrante en chemin que j’étais revenue sur mes pas pour n’être point tout à fait malade à mon arrivée. Le soin de ne pas l’inquiéter par cette rechute de ma prétendue névralgie expliquerait suffisamment le silence gardé par moi sur ce voyage.

J’étais si abattue par la fatigue que je ne ressentis pas d’abord de mon désastre le chagrin qui devait succéder promptement à mes agitations. Je dormis dans une chambre bien muette et bien close, dans une vieille maison du faubourg Saint-Germain où mon cocher de fiacre, consulté par moi, m’avait amenée comme dans l’hôtel le plus