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me servir d’un tiers pour m’expliquer avec lui : « Non, je ne vous blâme pas, mais je déplore la fatalité qui a mis entre nous un nouvel obstacle. En ce moment, bien que ma sœur ignore ce qui s’est passé entre vous et son mari, il est impossible que nous ayons, ensemble des relations ostensibles. On ne manquerait pas de dire qu’en accusant la honte de M. de Rémonville, vous étiez sûr d’être approuvé par sa famille ; que vous preniez en main, pour un motif personnel autre que le dépit de son insulte, la cause de sa femme et de sa belle-sœur. L’horreur de cette mort au lendemain de votre explication donnerait un caractère grave à des soupçons de toute nature. Non, hélas ! non, vous ne pouvez pas nous revoir à présent ; laissez le temps effacer ces ombres. Dans un an, tout sera modifié ou changé. Ma sœur aspire à quitter notre retraite, et moi, je ne peux ni ne veux m’en éloigner. Sachons donc attendre et comptons l’un sur l’autre. Écrivez-moi vous-même, sans que M. Nouville me prive de ses bonnes et affectueuses lettres. »

Une lettre que je reçus plusieurs jours après était encore de Nouville et datée de Venise. Il me disait en quatre lignes qu’il allait parcourir l’Orient avec Abel. Celui-ci n’eût pas eu le courage de partir, s’il m’eût écrit de Paris.

Nouville m’écrivit également de Constantinople. « Vous serez impatientée, me disait-il, de voir mon écriture au lieu de celle que vous attendez, et de