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demandant avec impatience une réponse, une solution. Pourquoi ne lui avais-je pas écrit ? Que devait-il faire ? Pouvais-je blâmer sa conduite ? pouvais-je en déplorer les conséquences ? Il était resté à Paris pour être prêt à rectifier les erreurs qui pourraient se glisser dans les journaux ou dans les conversations ; mais il avait pris là, disait son ami, un soin inutile. Personne ne l’avait accusé de violence ni de cruauté dans son explication avec M. de Rémonville ; on avait même à peine parlé, dans un cercle très-restreint, de cette circonstance. Rémonville n’avait pas laissé de regrets, pas un ami pour le défendre et venger ses querelles ; personne n’eût osé le justifier, et nul n’était assez cynique dans son entourage pour excuser le scandale de son existence ou pour se vanter d’en avoir partagé les plaisirs. Une seule chose s’était produite à la connaissance des gens du monde, c’était le sacrifice de ma fortune et le soin que j’avais pris de le cacher à mon père et à ma sœur. On m’en tenait compte, on ne parlait de moi qu’avec respect. Abel ne pouvait se repentir d’avoir amené ce résultat ; mais il n’avait plus rien à faire à Paris : il brûlait de me revoir, et il me suppliait de lui dire si, par respect pour le deuil de ma sœur, il devait s’abstenir de reparaître là où elle se trouvait.

Je ne pouvais plus ajourner ma réponse. Je répondis à Abel directement, jugeant que, dans les termes oh nous étions, il y eût en pruderie de ma part à