Page:Sand - Malgretout.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

sement, et il y en a que l’on dépense plus honteusement encore.

» — C’est ce que je voulais savoir, reprit Abel, et peut-être l’un est-il la conséquence de l’autre.

» — Cela arrive, mon cher enfant ; mais qu’est-ce que cela vous fait, à vous qui en gagnez avec gloire et qui en dépensez avec grandeur, on le sait ?

» — Alors, dit Abel avec son sourire caressant, même dans l’ironie, je serais le supérieur d’un homme capable d’exploiter les affections et les dévouements de la famille pour avoir un hôtel comme celui-ci, un mobilier comme celui-ci, le sourire d’une beauté telle que celle-ci, et une société de personnes d’élite telle que je la vois ici ? Je vous rends grâce, général. Je ne savais pas cela, moi, et, quand on tentera de rabaisser mon état, je répondrai que j’en connais un pire ; mais je suis trop bien élevé et trop bon garçon pour nommer personne, à moins qu’on ne m’y contraigne en reprenant devant moi la thèse que vous venez de condamner.

» Abel salua, et nous sortîmes, laissant un silence de stupéfaction derrière nous. Nous prîmes très-lentement nos pardessus pour donner à M. de Rémonville le temps de nous rejoindre. Il ne le fit pas, j’ignore pourquoi. Peut-être essaya-t-il, par un effort désespéré, de ne pas paraître le comprendre. Peut-être se réservait-il de nous envoyer