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commencer son plaidoyer contre les artistes. Je ne me l’étais attiré par aucune prétention au titre d’homme indépendant, autrement dit d’homme estimable, qu’il nous dénie. Je ne disais rien du tout, lorsqu’en présence de personnes infiniment respectables, il m’a traité de jouet et d’esclave avec ce ton léger et cet esprit délicat que vous lui connaissez. S’il veut bien répéter sa plaidoirie dans les mêmes termes dont il s’est servi, vous aurez, je n’en doute pas, un grand plaisir à l’entendre.

» Abel parlait d’un ton si enjoué et si dégagé que personne ne se douta de l’importance qu’il mettait à l’explication, et on invita M. de Rémonville à parler.

» — À la conditon que ce ne sera pas trop long ! dit la Rochetal, qui le traite fort lestement devant son monde.

» Rémonville commençait à se sentir inquiet et irrité de la manière dont Abel voulait procéder. Il le prit sur un ton de dédain en répondant qu’il ne tenait pas note de ses conversations et ne se rappelait pas ce qu’il avait pu dire, que si M. Abel et M. Nouville étaient mécontens de ses opinions, ils eussent pu les combattre séance tenante, vu qu’une discussion réchauffée était un plat sans saveur.

» — Parlez tout seul, monsieur Abel, reprit la Rochetal, j’aime autant ça. Avez-vous à vous plaindre de quelqu’un ici ? Je le condamne d’avance.

» — Je ne me plains de rien, répondit Abel ; je