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heure de l’après-midi. Il n’a été tué par personne, il ne s’est pas battu. Je vous dois le récit de ce qui s’est passé ; je le ferai aussi court et aussi exact que possible.

» Abel, insulté et provoqué en votre présence, était résolu à se taire devant vous et à vider cette querelle loin de vos yeux. En vous quittant, nous avons été jusqu’à Bruxelles, et, de là, immédiatement nous sommes revenus sur Paris. Abel avait arrêté son projet. Il a employé quelques jours à s’enquérir de l’état présent du salon de madame de Rochetal, la personne qui, grâce à M. de Rémonville, vit sur un pied de luxe, tout en plaçant son capital et ses revenus sans rien débourser. J’aidai Abel à connaître les habitudes de cette maison, où il avait été deux fois seulement il y a deux ans, mais où il était resté invité une fois pour toutes. J’appris que, parmi beaucoup de personnes sans consistance ou sans scrupule, quelques hommes d’un caractère plus sérieux se fourvoyaient encore une fois par semaine dans ce triste milieu. Je les vis comme par hasard, et je leur fis entendre qu’Abel irait peut-être avec son violon le jeudi suivant, en sortant d’une représentation à bénéfice où il jouait pour une bonne œuvre.

» Le jeudi, nous arrivâmes en effet à l’heure dite, mais sans violon ni violoncelle. Nous trouvâmes là une douzaine de personnes, et parmi elles les cinq ou six que nous désirions. C’était le jour de choix ;