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des hôtes du Francbois et notre modeste existence, dont nous désirions ne pas nous départir. Lady Hosborn m’avait paru une excellente femme, et rien de plus ; Adda, qui ne l’avait vue qu’au concert, la trouvait affreuse, — elle n’était pas belle, — et souverainement ridicule : elle ne s’habillait pas avec goût.

Quant à mademoiselle Carmen d’Ortosa, c’était bien différent. Elle était belle, et ses toilettes exquises eussent pu servir de modèle aux plus habiles. C’était une fille de grande maison sans fortune, qui venait depuis deux ou trois ans en villégiature chez lady Hosborn ; elle était fort remarquée dans le pays pour sa beauté, son esprit et ses habitudes d’indépendance. On la traitait d’excentrique, ce qui est un anathème sérieux en province. On disait d’elle beaucoup de mal et beaucoup de bien. Selon les uns, elle était la maîtresse du jeune lord ; selon d’autres, elle avait pour amants tous les brillants personnages qui hantaient le château du Francbois ; selon d’autres enfin, elle était un peu coquette et parfaitement sage. Les pauvres gens la disaient très-généreuse.

Je n’avais pas d’opinion sur elle, mais ma sœur voulait absolument s’en faire une, et sous le dénigrement on voyait percer une ardente curiosité.

— Qu’est-ce que vous pensez, nous dit-elle, d’une fille qui court les champs avec tous les godedelureaux de France et de Navarre, sans parler de