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contrariété, comme souvent ! Le caractère de votre sœur… Je l’ai obligée d’aller se coucher, elle s’excite trop tôt. N’allez pas la voir, je vous le défends, ma fille. Vous la gâtez, vous cédez à tous ces caprices. J’ai cru devoir lui parler sérieusement. Si elle ne dort pas, il est bon qu’elle réfléchisse… Allons, ajouta-t-il tout haut, oublions tout ! écoutons la musique… Mais où donc est Abel ?

On lui apprit la retraite d’Abel. Il en fut inquiet et ne parut pas croire beaucoup à sa migraine subite. Il demanda avec anxiété s’il n’était pas contrarié, si les plaisanteries d’Adda ne l’avaient pas blessé. Neuville le rassura à cet égard et le consola en lui jouant des choses exquises ; après quoi, il prit congé de nous, et alla rejoindre son ami à Revins.

J’aurais voulu être seule, me résumer, me recueillir, me ressaisir peut-être ; mais mon père ne songeait pas à se reposer, et il revenait avec une certaine anxiété sur le brusque départ d’Abel.

— Pourvu, disait-il, qu’il revienne demain !

Il ne m’était pas possible d’avoir un secret pour mon père, et je ne crus pas devoir remettre mes confidences au lendemain. Je résolus de lui ouvrir mon cœur avec une complète sincérité ; mais, comme tous mes secrets antérieurs se trouvaient liés aux projets que je pouvais faire pour l’avenir, je dus commencer par lui révéler la conduite de Rémonville et la mienne. Il était temps d’ailleurs