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sortir ; j’étais mûr pour cette résolution : c’était l’heure.

— Ah ! m’écriai-je avec effroi, ce ne sera plus l’heure dans un an ? Voilà comme vous étiez sûr de vous ?

— J’en suis sûr encore ; mais je vais souffrir un an, je vais me dépenser en pure perte, car je ne suis pas de ceux qui mentent ; je ne vous dirai pas que je vais, dès aujourd’hui, sans espoir assuré et en attendant vos réflexions, m’éloigner des précipices et résister aux vertiges. Non ! je vivrai comme auparavant, dans l’ivresse et le bruit. Il me serait impossible de me plonger dans un recueillement sans but ; je deviendrais fou. Donnez-moi une certitude, une parole, et je vivrai de votre souvenir.

— Mais, si je vous donnais cette parole, l’attente que je réclame serait inutile ; ce serait un pur caprice ! Voyons, retournez à vos triomphes, vivez à votre guise, ne vous considérez pas comme engagé avec moi. Sachez bien si vous pouvez désirer encore une affection qui hésite à se donner. Supportez cette contrariété de n’être pas fixé, et, si elle est trop lourde, oubliez-moi. Si au contraire, dans un an, vous persistez à croire que je peux vous rendre heureux, revenez, et ce jour-là je vous jure que je le croirai aussi.

— Alors, ce sont des fiançailles ?

— C’est à vous de savoir si ma promesse vous engage.