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— L’expression d’une bonté aussi réelle, aussi complète, aussi naïve qu’elle le paraît.

— Bien ! bien ! merci ; mais mon laisser aller, ma spontanéité à dire tout ce que je pense, sans aucun égard aux usages reçus…

— Encore une qualité que je n’appréciais pas hier et dont je vous tiens compte aujourd’hui.

— Alors… mon désordre, ma prodigalité, le peu de cas que j’ai fait jusqu’ici d’une vie de passions sans tendresse…

— Tout cela, je n’aurais pas à vous en demander compte, si l’invasion de la tendresse dans cette vie passionnée devait la modifier à votre avantage. Je songerais fort peu au mien. Je n’aurais d’autre préoccupation que celle de vous voir longtemps et continuellement satisfait de vous et des autres ; mais…

— Pas de mais, pas de mais !… Vous m’aimeriez, si… quoi ?

— Je vous aimerais si je savais, si je pouvais aimer.

— Et vous ne le pouvez pas ?

— Je l’ignore. Je me suis quelquefois, autrefois, demandé comment je penserais et agirais en amour. Il me semblait que ce serait bien, que j’aurais du dévouement, de la justice, de la tendresse, moi aussi, une immense tendresse ! mais… Oh ! laissez-moi enfin dire mais, il le faut ! Depuis que ma sœur est mariée, j’ai dû renoncer au mariage, et j’ai cessé de m’interroger. J’ai résolu de ne plus me