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lage de pêcheurs appelé du même nom que le château.

Je n’étais jamais venu là. Je ne connaissais pas les environs directs de la résidence de mademoiselle Merquem. J’avais bien résolu de les explorer avec soin ; mais il ne devait pas être facile d’épier l’existence de Célie sans qu’elle s’en aperçût. En venant me promener sur ses terres juste au moment où elle était chez ma tante, je ne pouvais pas être accusé de chercher une rencontre avec elle.

Le lieu était remarquable. Du pied du donjon, la falaise se précipitait par trois ou quatre bonds fantastiques, dont le dernier était un plein écroulement dans la mer. À cent pas plus loin que le hameau, un chemin tracé par les roues des charrettes dans le sable contournait l’escarpement et se perdait dans les sinuosités adoucies mais encaissées du vallon. Ce n’était probablement pas par là que, du donjon, on pouvait gagner rapidement la grève, car j’apercevais de place en place un sentier vertigineux qui suivait les ressauts de la falaise. Naturellement, je me demandai si la châtelaine avait l’habitude de descendre ou de gravir ces assises de grès blanchâtres qui, presque toujours baignées de brume, paraissent d’en bas beaucoup plus élevées qu’elles ne le sont en réalité.

La côte est belle, bien que monotone. Cette pâle mer est rarement bleue ; mais, si elle n’a pas les tons francs et les lignes pures de la Méditerranée, elle a des finesses de nuances et des chatoiements infinis dans les beaux jours. Les hautes murailles naturelles qui tout aussi bien qu’à la rive anglaise auraient pu, par leur blancheur, mériter à la rive française le nom d’Albion, sont voilées comme par