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plaisirs et vos frivoles amis, revenez aux idées de mariage, essayez de les accepter en vous-même, et, dans tous les cas, laissez-lui croire qu’elles vous sourient. Enfin changez de conduite, sacrifiez-vous, sachez souffrir et vous ennuyer ; devenez du jour au lendemain un autre homme : sinon, vous perdrez bientôt votre mère et vous aurez une plaie au cœur pour le reste de votre vie.

» — Je le ferai, répondis-je ; mon intention a toujours été de me dévouer à elle ; mais cela est plus difficile que vous ne pensez !

» — Est-elle donc plus irritée contre vous que l’amiral ne l’était contre moi ?

» — Non, certes ; un mot de moi l’apaise ; le moindre sacrifice l’enchante. Vous me faites rougir en me rappelant la différence des situations, mais je n’ai pas votre stoïcisme… et, après tout, je ne sais pas si je dois l’admirer ! Ma mère veut que je renonce à mes plaisirs, votre grand-père exigeait le sacrifice de votre égoïste solitude, cela ne se ressemble guère. Vous n’avez pas cédé, vous I vous étiez parfaite de résignation, sublime de douceur, mais obstinée comme le roc, et il est mort sans vous avoir ébranlée. Moi, je suis emporté et désagréable. L’injustice me fait regimber, et mon irritation réagit sur celle de ma pauvre malade ; mais, en réalité, je me soumets et je me brise. Oui, recevez-en ma parole, je vais me soumettre d’une manière absolue. Je me marierai même avec quelque riche poupée de salon, s’il le faut pour sauver ma mère… Après cela, je ne sais pas lequel de nous deux, Célie, aura mieux rempli sa tâche. C’est à vous de juger cela au fond de votre conscience.