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comprenez donc pas que, sans vous, je vais retomber dans ma folie ? Ayez patience, faites que je sois sauvé, etc., etc. »

— Quand je vous le disais ! s’écria Erneste en nous lisant l’épître que je lui avais donné la satisfaction railleuse de décacheter devant nous ; à présent, soyez bien tranquilles ! je n’écrirai plus. Je ne mettrai plus le pied dans le parc ; tout va selon mes souhaits.

Trois jours après, Montroger écrivit à ma tante pour la supplier de lui accorder une entrevue au Plantier. Elle craignait que je ne voulusse l’accompagner et, sans m’avertir, elle prétexta la nécessité d’aller donner quelques ordres chez elle. Elle ne me rendit compte des faits qu’après son retour. Montroger lui avait paru sérieusement amoureux et nullement exalté par l’ivresse. Elle l’avait trouvé pâle, un peu nerveux, mais très-contenu. Elle lui savait gré avec raison de n’avoir pas prononcé le nom de mademoiselle Merquem. Il agissait comme s’il n’eût jamais prétendu à elle, ou comme s’il l’eût complètement oubliée. Ma tante, sans lui parler de moi, ne lui cacha pas qu’elle savait ses entrevues avec Erneste. Sa fille, disait-elle, lui avait tout confié en le congédiant. Il ne chercha pas à s’excuser.

— J’ai eu, dit-il, un tort grave en ceci, et jusqu’au jour où j’ai apprécié mademoiselle du Blossay, ma vie a été une suite de fautes dont elle m’a forcé à me rendre compte. Elle m’a ouvert les yeux, elle m’a fait une conscience nouvelle. Mon avenir sera meilleur, si elle daigne s’en charger.

Ma tante m’avoua qu’elle s’était laissé gagner à ces promesses qui paraissaient sincères, et qu’elle n’avait pas dit non d’une manière absolue. Elle prétendit