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de notre petite Erneste. Ses coquetteries dussent-elles me sauver de la contrainte que subissait ma chère fiancée, je n’eusse voulu à aucun prix sacrifier la folle enfant à mon bonheur. Je coupai donc court à ses entreprises sur le cœur de mon rival en lui adressant tout bas des épigrammes mordantes sur le néant de ses espérances et sur le mauvais goût de sa coquetterie. La crainte de me paraître aussi ridicule que mademoiselle de Malbois l’arrêta et la ramena au jeune la Thoronais, qui était déjà édifié sur le compte d’Emma et qui revenait à Erneste autant par inclination que par dépit contre l’autre fillette. Cette chasse ou plutôt ce chassé croisé aux maris occupa leur soirée, amusa la galerie, qui feignait malignement de n’y rien comprendre, et absorba madame de Malbois, qui ne songea ni à Célie ni à moi. Il n’y eut qu’une escarmouche de sa part dès le début. Elle complimenta d’une façon qu’elle crut adroite mademoiselle Merquem sur son prochain mariage avec M. le comte. Célie sourit et lui demanda pourquoi elle supposait la chose la plus invraisemblable qui pût lui arriver.

— C’est que tout le monde le dit, reprit madame de Malbois. On prétend qu’il ne sort pas de chez vous !

— Il est vrai, dit Célie, que, depuis quelque temps, nous nous sommes vus exceptionnellement presque tous les jours. Nous avions de graves intérêts à discuter ; mais rien n’est changé et rien ne changera dans nos relations.

Et elle ajouta tout bas d’un ton ferme :

— M. de Montroger est libre. Il n’a jamais été et ne sera jamais que mon ami. Faites votre profit de cette