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Ne recommencez pas. J’ai fait le serment le plus solennel de ne pas me battre avec vous. Vous pouvez donc me tuer avec des paroles… À votre tour de voir si ce serait généreux !

— Eh bien, puisque l’accusation que j’ai portée contre vous vous paraît injuste, faites-m’en repentir ; je suis prêt à vous en demander pardon du fond du cœur, si vous abjurez tout sentiment de personnalité.

— Vous voulez que je devienne un saint, n’est-ce pas ?

— Vous exigez bien que je sois un ange, vous qui me soumettez à des épreuves qu’à ma place vous ne supporteriez certainement pas !

Cette réponse parut le frapper. Il me serra la main en silence. Je désirais le laisser sur cette impression, et je l’engageai à ne pas se fatiguer davantage à parler.

— Si je vous fatigue vous-même, répondit-il, laissez-moi seul. J’ai tant dormi depuis quatre jours, que je ne puis plus dormir. Je réfléchirai !… Mais je ne vous cache pas que cela ne me vaut rien ; je ne sais pas réfléchir seul, je m’exalte. Voyons, soyez aussi patient que Célie. Ne me grondez pas, parlez-moi comme à un malade ; aidez-moi à penser. Je n’ai pas l’habitude de causer avec moi-même. Le diable qui est en moi prend toujours le dessus.

Je suivis la pente qu’il me traçait, et je lui parlai avec autant d’intérêt et d’amitié qu’il me fut possible de le faire avec sincérité. Il ne m’interrompit pas. L’heure de l’apaisement était venue ; il s’attendrit et pleura en me faisant les plus chaudes protestations d’amitié. C’était un peu trop prompt pour me rassurer