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allons à sa rencontre ; sachons enfin ce qu’il prétend faire.

— Permettez, mon cher, répondit Stéphen ; d’abord, il n’est pas certain qu’il nous cherche. On peut venir à Yport sans savoir que vous y êtes. En second lieu, sans vous cacher, vous pouvez fort bien rester là, le dos tourné. S’il vous cherche, il vous a déjà vu et il vous abordera ; sinon, il passera son chemin, et vous éviterez une affaire qui peut compromettre votre fiancée.

— J’éviterai l’affaire par mon langage et mon attitude, à moins qu’il ne soit une bête brute décidée à tout, et, dans ce cas là…

Montroger approchait. Je me levai. Stéphen, n’espérant pas me convaincre, me suivit. Nous marchâmes droit à sa rencontre, et je lui tendis la main avec le sentiment de ma bonne cause, mais avec la résolution de ne pas souffrir un refus à mon avance sans en demander raison.

Il ne s’attendait pas à me trouver si tôt, bien qu’il vînt là pour moi. Il avait la vue basse, mon apparition le surprit, et il changea de visage ; mais il n’hésita point à serrer ma main, et il salua Stéphen avec politesse. Rassuré par cette accueil, Stéphen passa outre comme s’il continuait sa promenade, et je revins vers Yport avec Montroger.

— Eh bien, mon cher Armand, me dit-il dès que nous fûmes seuls, vous avez donc voulu me ménager en vous condamnant à quitter le pays ? C’est très-généreux de votre part, et il a dû vous en coûter. À présent que le coup est porté, je ne sais pas ce qui vous empêcherait de revenir, et, si vous le trouvez