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l’autre jour, devant moi, à propos de l’enfant, qu’elle ne redoutait rien de l’examen de sa conduite, et, en d’autres occasions, elle s’est déclarée irréprochable avec un peu trop de sang-froid. Voilà, quant à moi, tout ce que j’ai à lui reprocher. Le reste ne me regarde pas. En devenant épris d’elle, j’avais tout accepté, et j’admettais, sinon que l’enfant naufragé fût le sien, du moins qu’elle pouvait avoir été mère, et, en lui offrant de me charger de son protégé, je me persuadais, l’avouerai-je ? que, si elle avait un autre fils élevé mystérieusement ailleurs, elle m’ouvrirait son cœur et me confierait son véritable trésor. C’était un rêve, je n’ai vécu que de rêves depuis deux mois, et aucun ne m’a paru irréalisable, tant j’aimais avec parti pris de tolérance et de dévouement. Ce que je viens d’apprendre est en dehors de mes prévisions… L’objet d’un amour dans le passé ne pouvait se présenter devant mes yeux sous les traits répulsifs d’un aventurier de si bas étage. Succéder à ce monsieur-là !… Et qui sait s’il n’y a pas encore entre eux un lien qu’elle ne peut rompre ?… Cet enfant que j’ai supposé et accepté, il existe peut-être. Elle vous a dit une fois que, si elle avait le bonheur d’être mère, elle ne pourrait se résoudre à le cacher et ne connaîtrait pas la honte ; mais que peut-on croire d’elle à présent ? Elle sait très-bien mentir quand il le faut. Hélas ! hélas ! voilà l’effet de sa confession sur moi. Elle me met en méfiance de tout !

— Je m’attendais à cela, dit ma tante ; voilà l’effet de toutes les confessions de femme. Loin de désarmer les hommes, elles les irritent et les jettent dans des suppositions qui ne s’arrêtent plus à rien. Prends garde, mon ami ! Tu n’as pas été encouragé, tu n’as