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qui se sentait à l’aise avec moi en me voyant prendre son langage et ses idées. Alors, ajouta-t-il, laissez-moi vous arranger comme un peintre sait le faire.

Il prit le peigne et dirigea comme il lui plut ma barbe et mes cheveux. Je le priais de se hâter, impatient que j’étais de retourner auprès de Célie avant que le prétendu marquis fût sorti de la chambre de son compagnon.

— Maintenant, me dit Stéphen en me présentant un bout de miroir, voyez ! vous pouvez vous montrer, vous n’êtes plus un gentleman, et vous n’en valez que mieux. Moi, je n’ai rien à changer pour avoir l’air d’un marsouin ; d’ailleurs, je n’ai pas à cacher qui je suis. On m’a vu à Étretat, on me connaît pour un gueux de peintre qui ne peut compromettre aucune héritière. Venez ; sachons en passant si le malade est en train de crever ou de guérir, et descendons ensuite pour monter la garde autour du petit amiral Célie.

Le malade commençait à se ranimer en subissant les robustes frictions que lui administraient les fils du père Guillaume ; et M. Bellac, qui était le médecin de la colonie, assistait à l’opération avec la tranquillité d’un homme habitué à ces sortes d’accidents. N’ayant aucune raison de se méfier du prétendu marquis, il lui parlait avec politesse et le rassurait sur l’état du malade. Au reste, le marquis n’en paraissait pas très-préoccupé. Il parlait de lui comme d’un inférieur, le traitant de pauvre diable, et ne se gênant pas pour dire d’un ton assez méprisant qu’il n’avait eu d’autre mal que la peur. C’était peut-être son valet de chambre.

Cet étranger s’exprimait en français avec une faci-