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d’une. Il a reçu autre chose aussi, il a empoigné des gifles de certain mari avec lequel il s’est battu et qu’il a blessé, — car il se bat très-bien, à ce qu’il paraît. — Soyez donc le mari d’une belle dame pour être forcé de vous faire estropier par les hidalgos de grands chemins !

» Cette aventure a obligé le beau marquis à quitter Étretat. Il était temps pour moi, car il me tapait si bien sur les nerfs, avec ses airs de protection insolente, que j’avais dix fois par jour l’envie de le crever comme une bulle de savon. Le voilà ici maintenant, cherchant à compromettre mademoiselle Merquem, c’est évident. Il en sera pour ses frais, celle-là n’est pas une cocodette. Ah ! diable, non ! c’est une bonne fille, une vraie, la, le cœur sur la main. Elle m’a parlé tout à l’heure… si gentiment… Je l’aime à présent, et il ne faudrait pas venir faire la roue trop près d’elle… Je vois que vous pensez de même, c’est entendu ; nous ne laisserons pas aux gens de la Canielle l’honneur et le plaisir de la faire respecter sans que nous nous en mêlions. Habillez-vous en paysan pour de bon, mon petit, et, au lieu de savonner vos mains, laissez-y le goudron qui les culotte.

— Oh ! mais vous êtes judicieux, Stéphen ! m’écriai-je : il ne faut pas que nous ayons l’air d’amateurs, nous autres ! nous n’aurions pas le droit de nous poser en chevaliers de celle qu’on attaque sous un masque. Soyons franchement des mariniers de la Canielle et donnons au besoin une raclée de paysan à ces paysans pour rire.

— Très-bien, vous y voilà ! répondit Stéphen, que depuis un instant j’aimais de tout mon cœur, et