Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

ses domestiques avaient apportée du château, m’arrêta pour me dire d’un ton d’autorité :

— Vous allez changer tout de suite ; il y a ici des habillements toujours prêts. Vous serez à votre tour déguisé en pêcheur ; cela ne vous effraye pas, vous qui ne reculez devant aucune tenue de charade. Allez vite, votre ami le peintre vous cherche.

— Est-ce que vous allez nous quitter ? lui dis-je avec effroi. Alors, n’exigez pas que je perde un instant…

— Faites ce qu’on vous dit, répliqua-t-elle. Ah ! quel insubordonné ! Vous me retrouverez là au coin du feu de la cuisine. Dépêchez-vous !

La maison du père Guillaume était assez spacieuse et composée de deux étages, avec un balcon à auvent rustique d’où l’on avait accès dans plusieurs chambres. J’entrai dans celle de Stéphen, qui m’appelait tout en changeant d’habits, car il était aussi mouillé que moi.

— Tenez, me dit-il, voilà pour vous un costume tout neuf que je vous ai réservé, vous sachant un peu aristo. D’ailleurs, ça vous est dû, vous êtes plus gentil que moi, et vous avez eu plus de chance. Je vous ai vu faire une jolie gymnastique sur une espèce de perche ; vrai, c’était réussi, mais je crains que vous n’ayez exposé votre vie pour sauver une franche crapule… du moins si on juge l’un par l’autre… Figurez-vous que l’autre… je le connais, moi ! et… chut ! le voilà sur le balcon, il cherche où l’on a fourré son camarade.…

J’allais m’élancer en manches de chemise sur le balcon : l’idée que cet inconnu avait l’audace de vouloir s’introduire sous nos yeux auprès de mademoi-