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ferez plus tard à l’enfant le sort que vous voudrez ; mais nous relèverons dans un bon milieu, bien sûr et bien modeste, comme nous avons élevé Edmond… Ah ! vous ne savez pas… Si fait, je vous ai raconté cela !

— Et je ne l’ai pas oublié, répondit mademoiselle Merquem en me regardant ; bien que votre neveu n’ait pas voulu me le rappeler, j’y pensais en l’écoutant, Edmond était un pauvre petit parent dont il a fait lui-même l’éducation, et qui, grâce à lui, est entré à l’école normale, dont il va sortir un des premiers. M. Armand n’a pas de fortune à donner aux siens ; il est bien plus riche que cela : il leur donne son cœur et son intelligence. Aussi tout à l’heure, en enregistrant ses promesses, j’ai compris qu’il les tiendrait, et je vous ai nommée arbitre. Vous avez prononcé, mais ce que j’ai dit à votre neveu, je veux vous le dire aussi. Si c’est par amitié pour moi, et pour me préserver de méchancetés stupides, que vous prenez cet enfant, je ne peux pas accepter. Ce serait une lâcheté de ma part, vu que je n’ai rien de sérieux à redouter de l’opinion. Nous avons l’acte de naissance de l’enfant, nous avons découvert sa pauvre famille, qui est fort honnête par parenthèse ; mais, quoique toute ma vie puisse être mise à découvert, aucune précaution n’empêchera jamais qu’on ne dise du mal de moi, si l’on veut en dire. Je rougirais donc de faire le moindre sacrifice à la sottise ou à la malveillance, et je me sentirais blessée, si la sollicitude de mes amis croyait devoir m’en préserver.

— Nous savons tout cela, reprit ma tante ; mais nous savons aussi qu’il vous est impossible d’élever l’enfant vous-même dans votre maison ; ce serait lui