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éloges un peu puérils, elle m’a semblé compter sur moi pour vous influencer à l’occasion dans un sens tout contraire au but qui jusqu’à ce jour avait fait l’objet de vos désirs.

Vous m’avez donc vu assez contraint, et dans l’impossibilité de m’expliquer clairement sur quoi que ce soit devant elle. J’ai manqué totalement de prétexte pour me trouver seul avec vous, et je dois noter ceci, que vous n’en avez fait naître aucun. Elle a parlé du désir de votre grand-père de vous marier prochainement, et vous n’avez point dit que vous fussiez décidée à refuser.

J’attendais que, d’une manière détournée, et comme par hasard, vous me missiez au courant des faits. Vous vous êtes très-prudemment abstenue. Une seule chose m’a donné l’espoir d’une conférence prochaine : c’est quand vous avez parlé à mademoiselle de Turdy de cette sieste qu’elle fait ordinairement à huit heures du soir, en attendant que, vers neuf heures, son salon se remplisse de ses vieux habitués jusqu’à onze. Je me suis probablement mépris sur vos intentions… Quoi qu’il en soit, j’en ai pris note ; mais, obligé par des soins particuliers de m’éloigner un peu de Chambéry, ce n’est qu’hier soir que j’ai pu vous renouveler ma visite. Qu’ai-je trouvé ? Mademoiselle de Turdy seule, fort éveillée et fort alarmée de la précipitation de votre départ. Sous-le coup de cet événement, j’ai pu sans affectation la rendre expansive, et c’est d’elle que j’ai appris la maladie du jeune homme qui vous avait si fort inquiétée et l’empressement que vous aviez montré de retourner à Turdy. Je savais déjà d’autres détails sur vos relations avec M. Lemontier ; car c’est de M. Lemontier fils qu’il s’agit, et nullement de M. Henri Valmare, comme on me l’avait dit d’abord. Je dois vous faire savoir comment le hasard m’avait éclairé sur ce point. Ayant eu avant-hier l’occasion de passer à Aix