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amant ou comme un père de mélodrame autour des murs d’un vieux manoir, déposer des fleurs dans une grotte, écrire des lettres mystérieuses, vous introduire sous un nom nouveau, tendre des piéges, corrompre par la promesse du paradis une servante bornée, mais jusque-là fidèle, enfin, pour couronner l’œuvre, pénétrer en secret dans une chambre de vierge où je n’eusse pas osé mettre le pied sans son aveu, moi, son véritable père spirituel, le père de son fiancé ! Vous avez dû, pour vous soustraire à des dangers peut-être imaginaires, interroger les murs et les dépouiller de leur revêtement, et cela en cachette, avec toutes les précautions et les habiletés d’une profession extra-légale que je ne veux pas qualifier. Quoi de plus antipathique à votre caractère, et combien vous avez dû souffrir !

« Et tout cela pour tenir à une mère un serment que Dieu n’a point accepté et que votre conscience ne saurait ratifier !… Non !… vous n’avez pas fait toutes ces choses froidement et avec le calme de l’homme qui se sent guidé par le devoir ! Vous avez rougi et pâli cent fois malgré votre remarquable empire sur vous-même. Vous avez cent fois dit à Dieu dans votre angoisse : « Vois mon intention ! N’es-tu pas le maître inflexible qui nous crie que la fin justifie les moyens ? Ton représentant sur la terre, n’est-ce pas moi, le prêtre, qui dois triompher de tous les obstacles, et au besoin mentir aux hommes, enfreindre les lois civiles et humaines plutôt que de laisser une tache sur l’Église en ma personne sacrée ? »

« Mais Dieu ne vous répondait pas, vos joues creuses et vos yeux brillants de fièvre me révèlent assez les combats de votre esprit. Vous n’êtes qu’à demi fanatique, et cet homme du sentiment, cet homme véritable qui parle en vous, vous n’avez encore pu réussir à l’immoler ; il se débat sous l’étreinte du père Onorio, il saigne, il râle, et