Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/336

Cette page n’a pas encore été corrigée

vous ne me céderez rien. Je pose les deux réformes ou tout au moins une des deux réformes que Dieu commande depuis longtemps à l’Église inerte et sourde : mariage des prêtres ou abolition de la confession.

« Je ne dis pas seulement qu’il faut abolir la confession pour les femmes, je dis qu’il faut l’abolir aussi pour les hommes, à moins que le prêtre ne soit libre de se marier, auquel cas les catholiques des deux sexes seront libres de se confesser au père de famille qui connaît et apprécie les devoirs de la famille, ou au célibataire obstiné qui méconnaît et transgresse les premiers devoirs de l’humanité. Je bornerai là ma critique de vos prétendus devoirs envers Dieu et de vos prétendus droits sur les âmes ; mais je suis forcé de vous dire que nous n’apprécions pas Dieu de la même manière, notre foi ne le voit pas avec les mêmes yeux, notre cœur ne l’aime pas de la même façon. C’est notre droit à chacun, la liberté de conscience m’est sacrée. Je ne réclame que le droit égal pour chacun de nous de proclamer sa religion et de la pratiquer. Je sais que vous prétendez que les philosophes n’ont point de religion ; moins avancés que les Pères de l’Église et que les grands esprits de la renaissance, vous damnez Platon et tous ceux qui ont développé ses doctrines, sans vouloir reconnaître que Jésus les reprend et les complète. Vous nous reprochez de ne point avoir d’Église ni de culte, sans vous apercevoir que vous nous défendez d’en avoir qui ne soient pas les vôtres, et que jusqu’ici presque tous les gouvernements nous ont interdit d’être autre chose en public que catholiques, protestants ou israélites. Vous ne faites même point grâce aux schismatiques : les grecs vous sont plus odieux que les musulmans, et, le jour où une centaine d’adeptes d’une religion nouvelle se réuniraient pour bâtir ou dédier un temple en France, vous le feriez fermer par l’autorité