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pour se dégourdir un peu les jambes, et, tout en suivant la voiture qui entrait au pas, il le mit au courant de ce qui venait de se passer.

« Ce n’est pas le moment des commentaires, lui répondit M. Lemontier, poursuivons ce que tu as mené avec tant de prudence. Observons, et ne laissons pas soupçonner que nous avons les yeux ouverts. Rentre avec nous au château et laisse-moi agir. Avant tout cependant, il faudrait savoir s’il n’y a personne de caché dans l’appartement de Lucie, et il faudrait s’en assurer à l’insu des domestiques. »

M. Lemontier prit Lucie à part dès qu’elle fut rentrée et lui demanda si Misie faisait le service de son appartement.

« Non, dit-elle ; mais, chargée de la lingerie, elle entre souvent chez moi.

— Votre femme de chambre est-elle dévote ?

— Louise ? Pas du tout. Elle est en réaction contre Misie, dont elle est jalouse.

— Voulez-vous l’occuper ici, en bas, ainsi que Misie, et m’autoriser à visiter votre appartement ?

— Certes ! Mais croyez-vous donc qu’il y ait chez moi quelqu’un de caché ?

— Non ; mais je ne sais s’il n’y a pas quelque tentative de surprise, quelque préparatif d’enlèvement. Occupez vos femmes, soyez très-calme, et laissez-moi agir. »

Lucie obéit en tremblant un peu. M. Lemontier examina l’appartement avec le plus grand soin. Il s’assura qu’il n’y avait personne et qu’aucun meuble ne portait de traces d’effraction. Il regarda les serrures, les verrous, les croisées ; tout fonctionnait bien.

Quand tout le monde se fut retiré, il resta dans la bibliothèque avec Henri, et ils y veillèrent à tour de rôle.