Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

le cloître, mon père s’y opposerait : que me conseilleriez-vous ?

— D’obéir à votre père, répondit l’abbé avec précipitation et comme se mentant résolûment à lui-même.

— Mais vous m’aideriez pourtant à vaincre sa résistance ?

— Je me jetterais à ses genoux pour qu’il vous laissât chercher n’importe dans quel état les voies du salut ; mais il est des routes qui ne conduisent les âmes qu’à leur perte, et vous n’attendez pas de moi que je supplie votre père de vous les ouvrir. »

Le vieux Turdy allait répliquer.

« Entendons-nous bien, dit avec douceur M. Lemontier. M. l’abbé ne regarde pas le mariage en lui-même comme une voie de perdition : il estime mieux la voie du renoncement, c’est son droit ; mais ce qu’il proscrit, c’est le mariage avec un hérétique, et mon fils est un hérétique à ses yeux.

— N’en faites-vous pas gloire, monsieur ? reprit l’abbé.

— Non, monsieur, il n’y a aucune gloire à protester contre une loi qui condamne l’esprit d’examen. C’est un devoir très simple pour ceux qui croient que Dieu veut être compris librement, afin d’être librement aimé.

— Je ne me laisserai entraîner à aucune controverse, dit l’abbé. Je suis venu ici avec le ferme dessein de ne blesser aucune opinion et de ne blâmer aucune personne. Vous me permettrez de garder mes convictions, puisque je refuse d’attaquer les vôtres.

— Ce n’est point là votre mission, reprit Lucie ; vous devez chercher à persuader et ne pas tant ménager des amours-propres dont nous faisons tous si bon marché devant vous.

— Le fait est, ajouta M. de Turdy, que le capucin