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— Nous y voilà, » pensa M. Lemontier.

Il promit au moine qu’il la verrait le lendemain matin.

« Car vous ne comptez point partir demain ? ajouta-t-il.

— Non, s’il est vrai que vous ayez besoin de moi ici, répondit le père Onorio, complétement dupe de son erreur de personnes. Je vais où l’on m’appelle, comme je sors d’où l’on me chasse. On m’a dit qu’un père me réclamait, c’est vous ; et qu’un grand-père voulait me battre, où est-il ? Me voilà ! Qu’il en soit ce que Dieu voudra, mon pauvre corps est à lui et ne vaut pas la peine qu’il le protége. »

Il s’en alla sur cette plaisanterie en souriant d’un air lugubre et doux.

Le général eût bien voulu savoir. M. Lemontier lui fit payer sa réserve en lui répondant d’une manière évasive et en se hâtant de prendre congé de lui jusqu’au lendemain.

« Vous retournez à Aix ? dit le général sèchement.

— Non, mon fils n’y est plus, et M. de Turdy m’a engagé à passer quelques jours chez lui.

— Ah ! monsieur votre fils ?…

— Est allé m’attendre chez moi.

— Alors… nous causerons…

— Quand il vous plaira, général, répondit M. Lemontier en reprenant le chemin de la bibliothèque, où Lucie l’attendait.

— Ce diable d’homme ! pensait le général en se couchant. Il était si pressé de parler, et il me semble que ce moine lui en ait ôté l’envie ! Pourquoi donc, sac-à-laine ! ai-je oublié tant que cela l’italien, que je croyais savoir ? »

Il s’endormit en feuilletant un vocabulaire de poche à l’usage des commençants.