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faire une dernière sommation. Vous pouvez encore ramener à vous M. La Quintinie. Consultez-vous, essayez de vaincre l’orgueil philosophique ; écoutez la voix de Dieu, qui vous enverra la foi, si vous la lui demandez ardemment. En un mot, faites votre possible pour vous convertir à la vérité, et, quelque frayeur que puisse m’inspirer pour votre avenir l’influence de votre père, je porterai des paroles de conciliation et d’espérance aux habitants de Turdy.

— Non, monsieur, répondis-je, ne trompez personne et n’essayez pas de vous tromper vous-même. J’ai la foi ; j’ai été élevé dans la doctrine de vérité ; j’aime Dieu de toute mon âme, et je sais prier. C’est pourquoi je n’accepterai jamais le joug du prêtre et les conditions de M. La Quintinie.

— Votre réponse me navre, reprit-il ; mais je m’y attendais. Je vais la porter au général, et soyez sûr que je vous rendrai cette justice de dire que vous êtes un honnête homme, ennemi de toute hypocrisie, capable de sacrifier l’amour plutôt que d’avoir recours au mensonge. »

Il se dirigea vers le lac. Au bout de quelques pas, il s’arrêta en voyant que je le suivais. Je le rejoignis.

« Vous allez à Turdy, lui dis-je, j’y vais aussi : faisons-nous la route ensemble ?

— N’y venez pas ! répondit-il vivement, je m’y oppose !

— Vous ne pouvez pas vous y opposer : vous n’êtes pas le père de Lucie.

— Je suis son père et le vôtre, reprit-il avec chaleur. Je dois vous épargner une grande douleur… et même un véritable danger, celui d’exaspérer le général contre vous.

— Je vous réponds, moi, de résister à toute douleur et d’empêcher toute colère. Si je dois perdre Lucie, ce