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d’Elmire, mais il veut empêcher le mariage de la fille de la maison pour qu’elle retourne au couvent et s’y enterre avec sa dot.

— Je ne suppose pas tout cela, répondis-je, je ne vais pas si loin. Moreali ou Fervet peut bien être un zélé de l’Église secrète, habitué aux chemins tortueux et trompeurs ; mais je le crois de bonne foi quant à sa croyance, et disant comme les jésuites : « Qui veut la fin veut les moyens. » La fin pour lui n’est peut-être pas d’empêcher le mariage de Lucie, mais de le retarder jusqu’à ce que, me détachant de mes idées, je donne aux dévots le scandaleux triomphe de me voir renier les principes de mon père et les miens.

— Et ton père te conseille de résister jusqu’au bout ? Prends garde ! Lucie vaut bien une messe !

— Lucie vaut mieux que cela : elle mérite qu’on l’obtienne par la loyauté du cœur et la fermeté de la conduite. Mon père ne me conseillera jamais de m’y prendre autrement.

— Allons ! soit ; mais dis-moi donc quel rôle Lucie joue dans tout cela ? Peux-tu supposer qu’elle n’ait pas reconnu Fervet ?

— Je supposerai tout plutôt qu’une trahison.

— Mais que ferons-nous pour découvrir la vérité sous le masque de Moreali ?

— Je ne sais pas ; cherchons !

— Viens chez moi, dit Henri. Nous allons lui écrire une lettre adressée à M. l’abbé Fervet. S’il la reçoit, c’est lui.

— Il ne la recevra pas.

— Elle sera sous enveloppe adressée à Moreali. On attendra la réponse.

— Il ne répondra pas. D’ailleurs, au nom de qui écriras-tu ?