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es, de ces épouvantes, de ces détresses qui réveillent la volonté par l’excès des souffrances. Je me sens atone, brisé sans combat, et n’ayant envie ou besoin de rien nier, mais porté à douter de tout. Est-ce une de ces tentations décisives qui signalent l’agonie du vieil homme aux prises avec l’homme nouveau ? Ou bien, homme faible et sans cœur, suis-je ébranlé par l’esprit du siècle dans ma lutte suprême avec lui ?

J’ai une mission à remplir pourtant, une mission toute personnelle, mais que toi-même as jugée indispensable : j’ai juré de consacrer à Dieu cette âme qui m’était confiée, qui m’appartenait pour ainsi dire. Eh bien, cette âme m’échappe, elle succombe au milieu de son élan, elle est retombée sur la terre, elle périt, et je ne sais rien faire, je n’ose rien, je ne peux rien pour la sauver ! Un dernier moyen me reste, mais il est incertain, il va peut-être contre mon but !

Est-ce la honte et la mortification d’échouer si misérablement au port qui m’ont jeté dans ce dégoût et dans cette lassitude ? La raison n’est pas suffisante ; nous ne convertissons pas tous ceux que nous entreprenons, et nous ne sommes pas toujours assez forts pour évoquer la grâce, pour la faire descendre sur nos néophytes. Pourquoi celle-ci, en m’échappant, me laisse-t-elle courbé sous une douleur immense ? Qu’est-elle pour moi de plus qu’une autre ? Que signifie en moi ce dépit que sa trahison soulève ?

Évidemment, je suis malade, et Dieu m’afflige pour mon bien ; mais, dans les rares moments où je retrouve un peu d’énergie, je sens que ma foi a baissé, et je m’épouvante de ce que je deviendrais, si elle s’effaçait absolument.

Sourire de la malice du tentateur et attendre la fin de cette maladie jusqu’à la mort, s’il le faut !… Voilà ton