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qui précède. Je persiste à dire que vous n’avez pas agi régulièrement, mais je ne vous suppose pas de mauvaises intentions, et j’accepte vos excuses. »

Ici, Émile est devenu rouge : il n’avait pas eu d’excuses à faire, il n’en avait pas fait, et j’ai cru devoir prendre la parole pour rétablir la vérité.

« Allons, soit ! a repris le général. Ne disons pas excuses, disons justification. Je m’en contenterais, s’il ne s’agissait que de moi ; mais mon incertitude porte sur quelque chose de plus grave, et dont je ne peux pas faire aussi bon marché. »

Et, après un peu d’embarras qu’il n’a pas su cacher, il a ajouté :

« J’irai droit au fait, et aussi franchement qu’un homme de guerre va au feu. Il m’a été dit que vous manquiez de religion, et je vous déclare que je ne donnerai jamais ma fille à un homme sans principes. »

Émile est devenu pâle. Il s’est remis vite et a répondu :

« Et moi, monsieur le général, je vous déclare que je me regarde comme un homme très-religieux et dont les principes sont très-sérieusement fixés, aussi bien en matière de religion qu’en matière d’honneur !

— Oh ! pour l’honneur,… je n’en doute pas, monsieur, je sais… Monsieur votre père et vous,… je sais, je rends justice… Excellente réputation, caractère à l’abri de tout reproche… Mais la religion, jeune homme, la religion ! Il en faut ! Point de famille sans religion ! C’est la base de la société, c’est le frein de la femme, la tranquillité du mari, l’exemple des enfants. Je sais que monsieur votre père,… je n’ai pas lu ses ouvrages, ils sont fort bien écrits, à ce qu’on m’assure : beaucoup d’érudition, et des convenances !… mais cela ne suffit pas. Il méconnaît l’autorité de l’Église, et sans autorité il n’y a pas de religion. Enfin, vous êtes une espèce de protestant,