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Il faut la reconstituer sur une base inébranlable, l’orthodoxie. En fait de religion, il n’y a pas de moyen terme, c’est tout ou rien. La discipline est devenue un fardeau à l’homme, parce que l’homme a marché dans la voie des prospérités matérielles et qu’il ne s’est plus soucié des choses de l’autre vie. La mort de l’âme, c’est ce que les hommes du siècle appellent le progrès. Ce progrès destructeur est entré partout. Les églises des pays froids ont adopté les poêles, les tapis, les fauteuils. On se met à l’aise pour prier Dieu. Les couvents, sans grandeur et sans poésie, se construisent dans un esprit de matérialisme qui révolte. On se met en bon air et en belle vue : on a des chambres aérées, commodes ; on se préoccupe de la santé du corps, et nullement de celle de l’âme. Tous les règlements sont relâchés ; on achète toutes les dispenses possibles, on fait son salut sans qu’il en coûte une goutte de sueur. La mortification est supprimée. Voilà pour les personnes consacrées à Dieu. Quant aux gens du monde, on leur permet toutes les licences de la vie, tous les accommodements de l’esprit. On discute avec eux, on leur fait des concessions de principes, on laisse leur sentiment politique se séparer de leur sentiment religieux. On se pique de tolérance ; on dit à chacun : « Croyez ce que vous pourrez, et ce que vous ne croirez pas, n’en faites pas de bruit ; l’absolution couvrira tout. Dieu est bonne personne : ayez l’intention de ne pas trop pécher, tout s’arrangera… » Voilà où la douceur et l’indifférence ont conduit l’Église et le siècle. À l’heure qu’il est, il n’y a peut-être plus cent véritables catholiques dans le monde. »

Et, comme je lui demandais le remède à ce mal universel, il me répondait invariablement :

« Relever l’orthodoxie primitive, et s’y soumettre sans appel. »