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— Vous arrivez d’Espagne ?

— Non, j’arrive de Londres, mais j’ai vu l’Espagne aussi. Mon mari aime beaucoup les voyages.

— Et vous aussi ?

— J’en suis un peu rassasiée ; mais le voici qui vient, ne parlez pas de chasse à l’ours. Il voudrait peut-être y aller, et je serais trop inquiète…

— C’est un bon mari alors ?

— C’est un ange, répondit-elle en me regardant fixement comme pour me dire qu’une femme comme elle ne craignait pas l’indiscrète familiarité d’un homme comme moi.

En même temps que le gentleman, les deux porteurs nous rejoignaient avec la chaise. La jeune dame y monta en me priant de ne pas laisser son mari seul. Je ne pensais pas être nécessaire, pourtant je ne souhaitais pas m’en aller, et, quand il me dit : « Venez avec nous, mon cher, je ne veux pas vous avoir dérangé pour si peu, » je songeai que j’avais le temps de refuser l’argent et que je pouvais accepter la promenade.

Il essaya de suivre la chaise, mais il dut vite y renoncer, et, comme sa femme ne le voyait plus, étant passée en avant, il me demanda mon bras avec beaucoup de politesse et de bonhomie. Je l’avais pris pour